1) Développement moteur, psychique et émotionnel
Au moment de la naissance, le cerveau humain n’est pas « terminé » au sens où il n’est pas arrivé encore à sa maturation définitive: une série de fonctions n’ont pas achevé leur développement, il y a un nombre de cellules nerveuses nettement supérieur au nombre qu’il y aura à l’âge adulte, et un nombre important de voies nerveuses sont non différenciées : elles seront remaniées dans les premières années de la vie.
- La première enfance, c'est-à-dire la période avant l’âge de 3 ans, nous fait très bien comprendre le lien entre motricité et psychisme.
Durant cette période du développement et de la croissance, les acquis de l’enfant sont considérables : il aura appris à structurer la marche, les gestes, les sauts ; l’expression verbale ; le sens du bien et du mal.
Ce lien entre le psychisme et le moteur, entre la pensée et l’action, est concrétisé par les voies neurologiques qui unissent les zones cérébrales corticales motrices et intellectuelles.
Ces zones sont contiguës au niveau du cortex cérébral. Elles sont en communication via des fibres neurologiques associatives. Au niveau des centres sous-corticaux, responsables de l’affectivité, ces fibres font relais et s’unissent encore par l’intermédiaire de fibres associatives (Picq L. et Vayer P. 1976).
- Dans la seconde enfance (entre 3 et 8 ans), même si les liens entre développement psychique et moteur subsistent, ils sont cependant moins étroits que durant la petite enfance, parce qu’une grande partie de l’individualisation est déjà faire. Toutefois, si un problème survient durant cette période (problème scolaire par exemple), il y aura toujours un lien motricité-psychologie-affectivité. Notamment, la socialisation de l’enfant durant cette période est très directement liée à son développement moteur (Wallon, 1960).
Par exemple, pour fixer son attention, l’enfant doit savoir se contrôler et exercer une auto-inhibition. Le travail de l’écriture est un véritable exercice psychomoteur.
Ce lien entre développement moteur, affectif et psychologique explique que toute rééducation durant cette période de vie sera psychomotrice.
Dans l’évolution du lien que nous tissons avec notre corps, nous trouvons la découverte du miroir vers l’âge d’un an : « être » un corps ou « avoir » un corps (Sivadon P et Gantheret F 1977), voilà une notion qui nous suivra toute la vie.
Les sensations n’ont de sens qu’en rapport avec le monde extérieur, dans l’espace. Notre schéma corporel est la base de tous types de mouvement. La présence au corps se nourrit des perceptions intérieures (intéroception), les confronte aux perceptions extérieures au corps
(extéroception) afin de comprendre les événements que nous vivons et de construire nos mouvements, et autres communications avec le monde qui nous entoure.
Le mouvement a, en effet une fonction de communication : l’être humain donne un sens à tout geste observé. Tout mouvement engage l’être humain entier. L’intérieur du corps a un rythme biologique. Il est confronté au rythme extérieur : rythme de la tâche que l’on demande d’accomplir.
Le schéma corporel évolue constamment. Confrontation entre notre vécu intérieur et le regard extérieur (le nôtre ou celui de tiers) sur notre corps. Cette évolution se fera progressivement, c’est la construction de l’image de soi et du schéma corporel ; elle connaîtra aussi des étapes déterminantes dont le passage plus ou moins bien réussi s’avèrera marquant pour l’identité. Ces étapes peuvent être des phases incontournables mais importantes de l’évolution ( stade du miroir à un an, entrée à l’école…), ou des accidents de vie liés à l’histoire personnelle de l’individu ( traumatisme, opération chirurgicale,…).
Si le schéma corporel a été blessé dans son évolution, la guérison est toujours possible, moyennant une prise en compte psycho-corporelle et une intégration complète de la réalité du trauma dans l’histoire personnelle et au sein du corps.
- Le profil psychomoteur
Ce lien tonus-émotion peut être intéressant à regarder de près :
On conclura : le raide aura de l’amour-propre, le mou sera indifférent, le souple s’adapte facilement, le maladroit est irritable, celui dont l’équilibre est instable sera craintif, la raideur + rapidité + maladresse = impulsivité et colère (Picq et Vayer, 1976)
Selon Jerome Kagan (1992), spécialiste de psychologie de l’enfance de Harvard, il existe 4 tempéraments de base (le tempérament étant acquis à la naissance) : timide, hardi, optimiste et mélancolique. Chacun de ces tempéraments correspond à un schéma d’activité cérébrale
(Goleman D 1995). En étudiant de plus près les « timides », Kagan constatera des réactions neurophysiologiques qui leur sont propres : hyperexcitabilité de l’amygdale, pic de norépinéphrine élevé et durable en cas de stress (ce qui se traduit notamment par une fréquence cardiaque qui s’élève beaucoup et longtemps). Quant aux « optimistes », d’après le psychologue Richard Davidson (1994), ils doivent leur comportement enjoué au caractère dominant de la partie gauche des zones préfrontales (parties supérieures du cerveau émotionnel). Les mélancoliques, à l’inverse, ont les zones préfrontales droites dominantes.
Toutefois, si ces tempéraments s’affirment de manière nette chez chacun vers l’âge d’un an, des facteurs divers peuvent les modifier : l’attitude de la mère de l’enfant timide, si elle le surprotège, va renforcer sa timidité ; si elle le pousse vers l’extérieur tout en le rassurant, faisant légèrement pression pour qu’il s’ouvre, va le rendre plus hardi ; la mère qui marque les limites avec fermeté convient également très bien à l’enfant timide pour l’aider à se débarrasser de sa timidité. Une dépression chez un être enjoué va stimuler ses aires préfrontales droites et augmenter sa mélancolie. Ces événements de vie et ces facteurs relationnels engendrent donc des modifications neurophysiologiques, humorales et comportementales. Elles peuvent évoluer. Il en est de même en rééducation par la relaxation. La rééducation s’adressera au vécu corporel en vue d’une modification psycho-comportementale. Elle modifiera donc le schéma neuro-moteur utilisé. Si ces rééducations doivent occasionner des modifications neurophysiologiques, elles ne peuvent bien sûr se faire qu’au terme de plusieurs mois de travail.
2) Que peut apporter la relaxation chez l’enfant
Nous venons de voir que la psychologie et le comportement étaient liés aux modèles neuronaux de notre cerveau. Durant le développement de l’enfant, au départ des acquis génétiques, il y a une évolution influencée par l’éducation, l’école, les jeux, …
Le cerveau humain n’est pas pleinement formé à la naissance. Il continue à se modeler toute la vie. La partie la plus intense de ce développement a lieu pendant l’enfance. Les enfants ont beaucoup plus de neurones que dans un cerveau à maturité. Les liaisons neuronales les moins utilisées disparaîtront par un processus d’élagage lors de l’enfance et de l’adolescence.
Une rééducation judicieuse peut donc changer dans le sens désiré le développement psychomoteur et ses conséquences comportementales.
Apports de la relaxation
- Prise de conscience du schéma corporel : celui-ci commence à se former entre 5 et 10 ans, avant cela l’enfant est exclusivement moteur et pulsionnel (besoin = réponse motrice brute).
- Le principe d’action positive développé en sophrologie permet à l’enfant d’apprendre à gérer les conflits de la vie d’une manière saine (non névrotique). Cela lui permet
- de concentrer son attention (en classe par exemple).
- de s’intéresser au bonheur et au bien-être des autres.
- de développer ses capacités de repos.
- d’acquérir une confiance nécessaire en lui-même.
- de tirer parti de ses capacités.
- d’exprimer ses émotions de manière adéquate.
(H. Boon, Y. Davrou, J.-C. Macquet 1976)
- La relaxation peut apporter également :
- la correction d’un trouble psychique ou physique
- le renforcement de la personnalité
- l’établissement d’un meilleur équilibre psychique (notamment le contrôle
émotionnel)
- une amélioration de la qualité du sommeil
- l’apprentissage d’autres états de conscience
(M-S. Robert-Dantec 1987)
La relaxation chez l’enfant et l’adolescent